Les chefs de service

Les services de la FAF-LR ont fait le pari de recruter des spécialistes qualifiés et sont reconnus pour leur technicité bien au delà de notre région. Dès lors, que peuvent bien faire deux chefs de service à temps plein ? Pour le comprendre, j’ai rencontré Cyril APTEL, qui coordonnait le SAAAIS (service enfants) sur le bassin de Montpellier et le département du Gard, et Sophie NOGUÈS, qui partage son temps entre l’antenne pour enfants de Béziers, le SAPPA (service adultes) de l’Hérault et les services annexes (étudiants, formation, emploi et personnes de plus de 60 ans).

– Deux postes complets de chef de service, n’est-ce pas beaucoup ?

– On pourrait le croire quand on se souvient que le SAAAIS s’est développé sans chef de service de 1989 à 2001, et que le SAPPA a réussi son lancement sans chef de service de 2003 à 2007. Mais ce serait oublier que tout notre travail était assumé par le seul directeur, ce qui est progressivement devenu impraticable avec l’augmentation du nombre de salariés : une bonne trentaine aujourd’hui.

– En deux mots, quelle est la différence entre le travail de directeur et celui de chef de service ?

– Le directeur assume l’essentiel des responsabilités juridiques et budgétaires dans la conduite générale des services, mais aussi des responsabilités politiques pour l’articulation entre le projet associatif global et le projet particulier de chaque service. Bien sûr, nous travaillons en équipe sur certains dossiers : c’est le cas, par exemple, pour le référentiel d’évaluation des services, crucial pour leur prolongation au delà de 2011 ; ou pour la transformation du service adultes, seulement départemental à l’origine, en SAMSAH financé à la fois par l’État et par le Département. Par contre, nos tâches spécifiques concernent la coordination des techniciens entre eux et celle de chaque projet individuel d’enfant ou d’adulte accueilli.

– En quoi consiste concrètement cette coordination ?

– Il faut que chaque partenaire comprenne bien la logique des projets d’accompagnement : pour cela, nous rencontrons régulièrement les responsables d’établissements scolaires, ceux de la MDPH, et même les parents d’enfants suivis par le service, afin que leurs dossiers soient parfaitement cohérents et aient plus de chances d’aboutir. C’est en particulier le cas pour les demandes de renouvellement de matériel. Ensuite, les services ont naturellement des comptes à rendre à leurs financeurs, et nous devons chaque mois vérifier les fiches de toutes les interventions. Enfin, pour que le travail de réadaptation puisse avoir lieu dans l’environnement effectif des personnes, nous devons assurer chaque semaine la planification des déplacements afin de répartir et rentabiliser au mieux les véhicules. En effet, beaucoup de trajets se font avec des voitures appartenant à l’Union des Aveugles.

– Tout ça est très administratif, non ?

– Pas seulement ! Nous impulsons aussi la communication entre les techniciens, pour que l’accompagnement global, qui est un des mots clés du projet associatif de la FAF-LR, ne se traduise pas uniquement par une série d’interventions spécialisées, même si elles sont calculées pour être complémentaires. L’accompagnement global demande que l’on croise les disciplines, ce qui est beaucoup plus motivant pour les personnes accueillies, et leur permet d’élargir progressivement leur projet. Par exemple, en reliant un peu d’informatique adaptée aux AVJ (Activités de la Vie Journalière), on peut mieux faire sentir aux personnes tout ce que peuvent leur apporter les AVJ dont l’importance est souvent moins bien comprise. Ou encore, par l’accès aux sites Internet spécialisés et aux groupes de discussion, l’informatique va donner envie à une personne de pratiquer une activité en dehors de chez elle, ce qui l’incitera à progresser en locomotion.

– Vous êtes donc, en plus, spécialistes du handicap ?

– Non, et c’est justement leur complémentarité avec les techniciens qui rend les chefs de service utiles. La majorité d’entre eux ont au départ une formation d’éducateurs, donc assez généraliste et, un peu comme les assistants sociaux, nous sommes en contact régulier avec tous les partenaires, mais notre mission est d’avoir une vision d’ensemble de la réadaptation, et sur la durée.

– Et les usagers dans tout ça, comment les connaissez-vous ?

– Très souvent, c’est nous qui les accueillons lors de leur première venue à la FAF-LR. C’est donc nous qui faisons le point avec eux sur leurs attentes et qui leur présentons les différentes possibilités : par exemple, pour les enfants, entrer au SAFEP ou au SAAAIS, tenter une intégration sans accompagnement ou partir en établissement spécialisé. Mais surtout, nous les aidons dans leurs démarches : pour les attestations, les évaluations, etc. En somme, pour que les services tournent, s’améliorent et relèvent les défis de l’évolution sociale, nous devons assurer de la planification en amont, du relationnel au quotidien et de la veille pour l’avenir.

Propos recueillis par Bertrand VÉRINE dans le cadre de l’élaboration de l’Union Info