Les animateurs en informatique adaptée

De l’animation, c’est d’abord dans l’agenda de travail de Julie CURIE, Frédéric CHOQUET, Sébastien CARRERA et Igor LARA qu’il y en a. Jugez plutôt : ils ne sont que quatre pour conseiller les candidats toujours plus nombreux à l’informatisation, adapter les nouveaux postes de travail ou rénover les anciens, initier les débutants et compléter la formation de ceux qui changent de système… Mais aussi, quand ils ont deux minutes devant eux, maintenir le réseau de la quinzaine d’ordinateurs du personnel de l’Union, faire évoluer notre site Internet et se tenir au courant des nouveaux matériels en informatique adaptée. Avec cela, ils trouvent tous les deux le moyen de rester patients face aux machines et disponibles pour les usagers, ou quelquefois l’inverse. Comme eux, soyons donc méthodiques, et reprenons les choses dans l’ordre.

– Quelles sont vos missions principales ?

– Pour qu’une personne handicapée visuelle se mette à l’informatique, il faut déjà qu’elle puisse choisir et financer des outils adaptés à sa situation et à ce qu’elle veut faire. Malgré des délais un peu longs, le financement est maintenant plus facile grâce aux MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées). Quand la personne a une idée de ce qu’il lui faut, nous sommes seulement là pour certifier que le projet est cohérent, qu’il n’y a ni incompatibilité, ni double emploi entre les appareils ou entre les logiciels. Si besoin est, nous indiquons à la personne l’existence d’autres produits mieux adaptés à sa demande.

– Mais quand les gens n’ont aucune idée, comme les débutants ?

– Dans ce cas, nous sommes là pour les conseiller en partant des activités pour lesquelles ils ont besoin de l’informatique : plutôt pour écrire ou plutôt pour lire, au travail, dans la vie quotidienne, pour les loisirs, ou pour toutes ces activités à la fois. Pour leur faire tester concrètement les produits, nous pouvons nous déplacer chez les personnes avec un ordinateur portable, mais l’idéal est qu’elles viennent au siège : allée de Montmorency, nous disposons en effet du logiciel de synthèse vocale Jaws, des bloc-notes Visiobraille et VarioNote, du grossissement d’écran Zoomtext, de la reconnaissance de caractères Openbook, etc. Les matériels financés par l’Éducation Nationale dans le cadre du SAAAIS nous permettent aussi de connaître d’autres produits comme Iris, par exemple. Une fois les choix faits, nous établissons les devis, nous montons le dossier et nous le transmettons.

– Ensuite, vous passez à la formation des futurs utilisateurs ?

– Oui, mais nous devons d’abord adapter toute l’installation pour leur permettre de travailler sur les mêmes logiciels que les voyants, notamment en milieu professionnel. D’une part, ces logiciels présentent certaines options visuelles qu’il faut supprimer pour ne pas compliquer les tâches ou parce qu’elles font mauvais ménage avec la synthèse vocale. D’autre part, les voyants travaillent surtout avec la souris, que nous devons remplacer par des raccourcis au clavier choisis en fonction des objectifs prioritaires de l’utilisateur handicapé visuel. Le grossissement d’écran pour les amblyopes s’adapte à peu près à tous les systèmes mais, notamment dans les entreprises, il faut trouver des astuces pour rendre accessibles les logiciels existants. Certains usagers ont également des demandes particulières, comme le traitement de la musique ou le découpage d’enregistrements sonores. Il y a toujours une solution, mais elle n’est jamais standard.

– Concrètement, comment se passent les formations ?

– Selon le principe de toutes les réadaptations de l’Union, nous nous rendons le plus souvent au domicile ou sur le lieu de travail des personnes pour des séances d’une heure et demie, à raison de six ou sept utilisateurs chacun par semaine.

– Vous formez aussi les élèves du SAAAIS ?

– Oui, notre benjamine a sept ans ! et nous testons avec elle un prototype donnant accès à des jeux grand public grâce à un support tactile : pas une de ces vitres lisses inutilisables par les aveugles, comme sur les plaques de cuisson ou certains distributeurs automatiques ; mais une page thermoformée avec des dessins en relief sur lesquels on appuie pour dialoguer avec l’ordinateur. En même temps, nous l’initions au clavier AZERTY pour qu’elle le maîtrise parfaitement à son entrée en sixième : elle pourra ainsi prendre ses notes et faire ses devoirs. L’Éducation Nationale encourage l’utilisation de l’ordinateur, et nous avons un projet de protocole informatique pour tous les élèves du Gard. Nous espérons même pouvoir les organiser en réseau par Internet.

Propos recueillis par Bertrand VÉRINE dans le cadre de l’élaboration de l’Union Info.

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